Le discours religieux face au discours scientifique

Le roman et le film Histoire de Pi sont souvent présentés comme une invitation lancée au lecteur et au spectateur à croire ou à ne pas croire au récit que raconte Pi, le seul survivant du naufrage, au journaliste Yann Martel qui l’interroge sur son périple et cherche à déterminer le fondement de ses croyances. Nous optons plutôt pour une autre interprétation, à savoir que le roman et le film proposent un choix conscient, délibéré, assumé en faveur d’une interprétation religieuse de la réalité, laquelle contraste avec, d’une part, l’aridité du discours rationnel et, d’autre part, l’interprétation allégorique réductionniste des faits, toutes deux aveugles à la magie que le croyant décèle par-delà les apparences.

Cette activité présente une autre facette du discours religieux, qu’il est facile de dénigrer en l’opposant au sérieux du discours rationnel, mais dont il est plus difficile de faire valoir la profondeur dans le cadre d’un cours de philosophie au collégial. Le visionnement et le travail d’analyse du film seront l’occasion d’explorer la thèse du « désenchantement du monde » élaborée par Max Weber (1919) dans Le savant et le politique que reprend et développe Marcel Gaudet (1985) dans Le désenchantement du monde : une histoire politique de la religion.